Sophie Germain, la mathématicienne de génie oubliée
Elle a rendu possible la construction de la Tour Eiffel. Si des théorèmes portent aujourd'hui son nom, elle a dû apprendre les mathématiques seule et se faire passer pour un homme pour avoir accès aux scientifiques de son époque. Voici comment Sophie Germain est devenue une génie des maths.
Une passion dévorante
Adolescente pendant la Révolution française, Sophie Germain grandit à une époque où les filles reçoivent peu
d’éducation, encore moins en matière scientifique. Mais en explorant la bibliothèque de son père, elle tombe sur un livre d’histoire des
mathématiques qui va la bouleverser.Elle découvre l’histoire d’Archimède, élément déclencheur de sa passion. Jour et nuit, elle étudie la
géométrie, et apprend le latin pour lire autant d'ouvrages de mathématiques qu'elle le peut. Elle en perd l'appétit et le sommeil. Devant
son obstination, sa famille finit par la soutenir, mais pour Sophie ce n’est pas suffisant.
L’usurpation d’identité
Comme l'enseignement est interdit aux filles, la jeune femme usurpe l’identité d’un étudiant qui n’assiste pas aux cours : elle devient
Antoine Auguste Le Blanc. Elle propose de nouveaux outils pour démontrer des théorèmes, dont le théorème de Fermat. Au lieu de trouver la
solution d’une équation, elle trouve une solution générale qui permet d’en résoudre plusieurs à la fois : une avancée considérable pour la
recherche mathématique. Ses notes sont remarquées par le grand mathématicien
Joseph-Louis Lagrange (1736-1831), qui entame un échange épistolaire avec "le" brillant élève. Intrigué par tant de génie, il sollicite une
rencontre. Évidemment, elle est très inquiète de la réaction de son interlocuteur. Lagrange va être étonné qu’une femme émette des
contributions mathématiques de ce niveau.
Un terrible manque de reconnaissance
En 1808, Napoléon organise un concours et Sophie Germain le remporte en élaborant une théorie sur l’élasticité des corps. Elle devient
ainsi la première femme à remporter un prix scientifique, décerné par la prestigieuse Académie des sciences. Mais… comme c’est une femme,
l’Académie ne publie pas ses travaux, contribuant ainsi à son effacement de l’histoire des mathématiques.Ses travaux sur l’élasticité de la
matière ont pourtant été déterminants dans la construction de la Tour Eiffel. Sur les piliers soutenant la Dame de fer, le nom de
soixante-douze savants qui ont permis cet exploit architectural seront gravés... mais celui de Sophie Germain n'y figure pas. Et à sa mort
en 1831, le titre même de mathématicienne ne sera pas inscrit sur sa tombe.
ENGLISH
SOPHIE GERMAIN, THE FORGOTTEN GENIUS MATHEMATICIAN
It made possible the construction of the Eiffel Tower. Although theorems bear her name today, she had to
learn mathematics alone and pass as a man to gain access to the scientists of her time. This is how Sophie Germain became a math
genius.
A devouring passion
As a teenager during the French Revolution, Sophie Germain grew up at a time when girls received little education, even less in scientific
matters. But while exploring her father's library, she comes across a book on the history of mathematics that will shock her. She
discovers the story of Archimedes, the trigger for her passion. Day and night, she studied geometry, and learned Latin to read as many
mathematical works as she could. She loses her appetite and sleep. Faced with her obstinacy, her family ends up supporting her,
but for Sophie it is not enough.
Identity theft
As teaching is forbidden to girls, the young woman usurps the identity of a student who does not attend classes: she becomes Antoine Auguste
Le Blanc. It offers new tools to demonstrate theorems, including Fermat's theorem. Instead of finding the solution to one
equation, she finds a general solution which allows several to be solved at once: a considerable advance for mathematical research. His
notes were noticed by the great mathematician Joseph-Louis Lagrange (1736-1831), who began an epistolary exchange with "the" brilliant
student. Intrigued by such genius, he requests a meeting. Obviously, she is very worried about the reaction of her
interlocutor. Lagrange will be surprised that a woman makes mathematical contributions of this level.
A terrible lack of recognition
In 1808, Napoleon organized a competition and Sophie Germain won by developing a theory on the elasticity of bodies. She thus became
the first woman to win a scientific prize, awarded by the prestigious Academy of Sciences. But… as she is a woman, the Academy does not
publish her work, thus contributing to her erasure from the history of mathematics. Her work on the elasticity of matter was nevertheless
decisive in the construction of the Eiffel Tower . On the pillars supporting the Iron Lady, the names of seventy-two scholars who made
this architectural feat possible will be engraved... but that of Sophie Germain does not appear. And when she died in 1831, the title
of mathematician would not even be inscribed on her tomb.
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