L’incroyable évasion de la prison la plus sécurisée de France - Partie I
Au 19ème siècle, le Mont Saint-Michel n'est pas encore le célèbre monument qu'il est aujourd'hui. C'est une prison redoutable d'où il est, dit-on, impossible de s'évader. Mais pas pour Édouard Colombat, prisonnier bien déterminé à ne pas finir ses jours sur un piton rocheux battu par les flots.
Vieux de 13 siècles, le Mont Saint-Michel a essentiellement accueilli des moines et des pèlerins. Mais depuis le règne de Louis XI, on y a aussi parfois quelques prisonniers. Sous Louis XIV, on le surnomme même la “Bastille des mers”. C'est surtout après la révolution que le nombre de détenus explose. Les religieux y sont chassés et l'abbaye est réaménagée afin d'accueillir plus de 800 prisonniers politiques enfermés sous bonne garde.
Le peintre Édouard Colombat est de ceux-là. Pour avoir participé à l’insurrection républicaine des 5 et 6 Juin 1832, il est arrêté par le célèbre Vidocq, alors Préfet de Police de Paris. D'abord condamné à mort, Colombat est finalement envoyé au Mont Saint-Michel pour y croupir jusqu'à la fin de ses jours.
Il partage avec d’autres détenus une cellule perchée sur les hauteurs du Mont, au dernier étage de la forteresse. Les prisonniers n'en sortent que pour les promenades ou pour travailler, notamment à la restauration de peinture de l’église abbatiale. Et ses pinceaux lui rappellent justement son désir de liberté.
Une fois enfermés dans leur geôle, ils n’ont, à priori, aucun moyen de s’échapper. Derrière les portes, 400 gardiens armés jusqu’aux dents veillent au grain. Les fenêtres sont munies de barreaux et s’ouvrent sur 20 mètres de vide. La verticalité du Mont et son organisation complexe en colimaçon dissuadent toute tentative d’évasion.
Deux ans s’écoulent donc sans aucune perspective de sortie pour Colombat.
Mais durant la nuit du 22 au 23 octobre 1834, une occasion semble enfin se présenter. Vers 10h du soir, alors que les prisonniers ont tous regagné leur cellule, un incendie se déclare dans l’église. Les flammes se propagent rapidement à la toiture et menacent tout le Mont. Les prisonniers sont mobilisés pour maîtriser le feu. Armés de haches, ils abattent les cloisons de bois et viennent à bout de l’incendie.
Dans ses mémoires, Colombat prétend même avoir sauvé des flammes le directeur de la prison. Aussi, quand ce dernier demande un aménagement de peine pour les prisonniers les plus méritants, Colombat espère bien être gracié….
Hélas, un mois plus tard, seuls trois prisonniers sont relâchés et Colombat n'en fait pas partie. Dépité, il se dit qu’il en sortira d’une autre manière… Suite mardi prochain !
The Incredible Escape from France's Most Secure Prison - Part I
In the 19th century, Mont Saint-Michel was not yet the famous monument it is today. It was a fearsome prison from which it was said to be impossible to escape. But not for Édouard Colombat, a prisoner determined not to end his days on a rocky peak battered by the waves.
Thirteen centuries old, Mont Saint-Michel has mainly hosted monks and pilgrims. But since the reign of Louis XI, there have also been occasional prisoners. Under Louis XIV, it was even nicknamed the “Bastille of the seas”. It was especially after the revolution that the number of prisoners exploded. The religious were chased away and the abbey was redeveloped to accommodate more than 800 political prisoners locked up under heavy guard.
The painter Édouard Colombat is one of them. For having participated in the republican insurrection of June 5 and 6, 1832, he was arrested by the famous Vidocq, then Prefect of Police of Paris. Initially sentenced to death, Colombat was finally sent to Mont Saint-Michel to rot there until the end of his days.
He shares a cell with other prisoners perched on the heights of the Mont, on the top floor of the fortress. The prisoners only leave for walks or to work, particularly on the restoration of paintings in the abbey church. And his paintbrushes remind him of his desire for freedom.
Once locked in their prison, they have, a priori, no means of escape. Behind the doors, 400 guards armed to the teeth keep watch. The windows are fitted with bars and open onto 20 meters of void. The verticality of the Mount and its complex spiral organization dissuade any attempt at escape.
Two years pass without any prospect of a release for Colombat.
But during the night of October 22-23, 1834, an opportunity finally seemed to present itself. Around 10 p.m., when the prisoners had all returned to their cells, a fire broke out in the church. The flames quickly spread to the roof and threatened the entire Mont. The prisoners were mobilized to control the fire. Armed with axes, they knocked down the wooden partitions and put out the fire.
In his memoirs, Colombat even claims to have saved the prison director from the flames. So, when the latter asks for a sentence reduction for the most deserving prisoners, Colombat hopes to be pardoned….
Alas, a month later, only three prisoners are released and Colombat is not one of them. Disappointed, he tells himself that he will get out in another way... Continued next Tuesday!
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